« Agnès Sorel l’influenceuse » : exposition à l’occasion du 600ème anniversaire de sa naissance

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« Agnès Sorel l’influenceuse » : exposition à l’occasion du 600ème anniversaire de sa naissance

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Agnès Sorel l’influenceuse est une exposition qui retrace 500 ans d’histoire de France au travers d’un un parcours scénographique. Maquette tactile, projections, animations vidéo, jalons sonores, évocations de la vie de la cour vous attendent.

« A l’occasion du 600ème anniversaire de sa naissance, nous avons souhaité mettre à l’honneur Agnès Sorel. Cette figure féminine majeure du Moyen Âge a marqué la Cité royale de Loches grand site du Val de Loire. Elle a marqué son époque par son influence sur la mode, les usages et la politique. » expliquent Etienne Martegoutte* et Franck Chartier**.

*Vice-Président du Conseil départemental d’Indre-et-Loire en charge du développement touristique, des musées et monuments départementaux.
**Conseiller départemental en charge de la valorisation des musées et des monuments départementaux.

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

Cité Royale de Loches

Le Logis royal* a été construit à la fin du XIVe siècle. Charles VII y vient régulièrement dès 1418 et fait de la Cité sa seconde place forte après Chinon. Jeanne d’Arc y rencontre le roi en mai 1429, après la victoire d’Orléans. Le roi réside souvent à Loches, aux côtés de sa favorite Agnès Sorel, dans les années 1440. Le Logis** est ensuite agrandi sous les règnes de Charles VIII et Louis XII. La reine Anne de Bretagne y séjourne à plusieurs reprises pendant 20 ans. Elle y fera construire un oratoire, joyau du gothique flamboyant. Le donjon*** de la Cité royale a été construit entre 1013 et 1035 par Foulques III Nerra, comte d’Anjou. Haut de 37 mètres, il est considéré comme l’un des mieux conservés de l’époque romane.

*son élégante façade surplombe la ville de Loches et l’Indre.
**Il est entouré de tours et d’ouvrages défensifs datant du XIIe au XVIe siècle.
***Château comtal puis forteresse royale, il fut une prison d’État, du XVe au XVIIIe siècle. Des des prisonniers politiques de haut rang y furent enfermés. Puis, il devint maison d’arrêt départementale au XIXe et XXe siècles.

Agnès Sorel : la sulfureuse

Responsable de la Cité royale de Loches et commissaire de l’exposition « Agnès Sorel l’influenceuse », Jean-François Thull a voulu remettre en perspective cette figure historique marquante et son rôle auprès du roi Charles VII (1403-1461) et de sa cour. Il tenait à s’affranchir des idées reçues qui persistent autour du personnage d’Agnès Sorel. Pour ce faire, il était important de présenter toutes les facettes de la favorite royale pour lui restituer son véritable visage. Agnès Sorel a fait de fréquents séjours tout au long des années 1440. Le Logis royal est assurément l’une de ses résidences favorites. Le roi Charles VII y réside à ses côtés tandis que la reine Marie d’Anjou demeure à la forteresse de Chinon. « Nous avons donc souhaité lui consacrer une exposition temporaire en cette année singulière qui marque le 600e anniversaire de sa naissance (1422) » explique Jean-François Thull.

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

Un autre regard sur Agnès Sorel

Agnès Sorel apparaît à travers sa formation et son entourage. Sont mis en valeur son influence auprès du roi, ses résidences et les nouveaux usages qu’elle introduit à la cour. Cette exposition s’éloigne des visions caricaturales héritées du XIXe siècle et lui restitue son véritable visage. Agnès Sorel ne peut être réduite à l’image sulfureuse de « prostituée du roi ». De toutes les favorites royales, elle est la première et une référence pour toutes ses successeuses. L’image d’Agnès Sorel est sublimée par le tableau de Jean Fouquet « La Vierge de Melun« . Après avoir traversé les siècles, il appartient à l’imaginaire collectif. Une partie de l’exposition est consacrée à sa postérité. Où et comment sa légende s’est-elle construite de la fin du XVe au XIXe siècle ? Grâce aux collections empruntées, un panorama quasi exhaustif de ses représentations au fil des siècles est présenté aux visiteurs.

Une légende qui oscille entre le vice et la vertu

Depuis 600 ans, parmi les chroniqueurs, historiographes et autres littérateurs, deux visions diamétralement opposées se confrontent. Pour certains, Agnès Sorel serait une seconde Jeanne d’Arc ayant apporté son conseil au roi. Elle l’aurait même entraîné à continuer à combattre les Anglais et à poursuivre la reconquête du territoire royal. Si Agnès Sorel avait probablement conscience des enjeux politiques de son temps, elle a incontestablement entouré Charles VII de conseillers loyaux. Ils ont concouru à restaurer l’économie du royaume alors que la guerre de Cent Ans s’achève et à renforcer son pouvoir souverain.

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

De suivante royale à favorite

Agnès Sorel*, issue d’une famille de petite noblesse, reçoit une éducation soignée. A 12 ans, elle est envoyée à la cour d’Anjou pour devenir demoiselle d’atours d’Isabelle, duchesse de Lorraine, reine de Sicile et épouse du roi René, beau-frère de Charles VII. Elle rencontre Charles VII en 1443, elle a 21 ans et lui 40. Conquis par sa beauté, sa jeunesse, son intelligence et sa culture, il la fait nommer demoiselle d’atours de Marie d’Anjou pour se rapprocher d’elle. Agnès Sorel connaît le latin, joue d’un instrument et va parfaire son savoir-être, sa culture, son beau parler à la cour d’Anjou. Charles VII est un érudit. Ils ont partagé le même goût pour la conversation et ont vécu sept ans de complicité. La favorite a donné naissance à quatre filles. Trois ont survécu et ont été légitimées par le successeur de Charles VII, le roi Louis XI.

*Née en 1422, en Picardie près de Compiègne

Quand s’ouvre un nouveau chapitre de l’histoire

Avec l’arrivée d’Agnès Sorel auprès Charles VII, s’ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de son règne. Grâce à son influence, de nouveaux conseillers fidèles entrent au service du roi. Il s’agit d’Etienne Chevalier, Pierre de Brézé, Jacques Coeur, Guillaume Gouffier… Rien n’atteste qu’elle a conseillé le roi dans ses décisions concernant le royaume. Elle n’est pas une femme politique. En revanche, elle est au coeur des échanges avec les conseillers. Agnès Sorel tisse des liens à la cour d’Anjou. Proche de Jacques Coeur, grand argentier du royaume, elle lui commande des étoffes luxueuses importées du Moyen-Orient. Elle favorise aussi les intérêts de membres de sa famille. Un de ses frères, Jean Soreau, devient grand veneur de France. Agnès Sorel réside fréquemment au Logis royal de Loches à partir de 1444 et contribue à enrichir l’aménagement du Logis. Elle accorde d’importants dons à l’Eglise, notamment à la Collégiale de Loches.

Liaison et révolution

Charles VII affiche sa liaison avec Agnès Sorel. Son statut de favorite officielle scandalise la cour et les dignitaires religieux, comme ses tenues extravagantes. Elle lance la mode des robes très décolletées, sans guimpes ni voiles, dévoilant les épaules et la naissance des seins. Elles seront qualifiées de « gourgandines ». Dotées d’un laçage sous la poitrine, ces robes sont souvent allongées de traînes impressionnantes. Agnès Sorel se pare de bijoux précieux et de somptueuses fourrures. Elle délaisse les chemises de laine pour la toile et la soie. Mieux, elle invente des coiffures sophistiquées et imposantes. La favorite* utilise des onguents**, des crèmes contre les rides et s’épile les sourcils et les cheveux sur le haut du front. Elle souligne sa beauté avec des fards à base de farine et d’os de seiche et un rouge à lèvres préparé avec des pétales de coquelicot écrasés.

*Blonde avec des yeux bleus en amande
**ancêtres de nos peelings

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

Quand elle influence la mode

Son image sulfureuse n’empêche pas Agnès Sorel d’être largement imitée par les dames de la cour. Occupant une position prépondérante et éclipsant la reine, elle bouscule la mode, les rituels de beauté, ceux des soins du corps et les usages de l’époque. Elle initie un nouvel art de vivre, un renouveau au sein de cette cour qui était assez austère après les épreuves de guerre de Cent Ans. Cet art du paraître et de l’élégance fastueuse contribue à relancer l’économie et le commerce du luxe dans le royaume.

Sa beauté inspire les artistes

Agnès Sorel a fait couler beaucoup d’encre et inspiré nombre d’artistes et d’écrivains. Son image n’a cessé d’évoluer au fil des siècles et des portraits. Elle est passé de jeune femme sage à la beauté délicate à favorite altière au sein dénudé. Qui ne connait pas ce fameux sein visible sur la célèbre et troublante Vierge de Melun entourée d’anges rouges et bleus de Jean Fouquet (1452-1455). Le peintre y aurait représenté la mère de Jésus sous les traits d’Agnès Sorel. Ce tableau est présenté à l’exposition telle qu’il était à l’origine, sous la forme d’un diptyque. Le deuxième volet représente le portrait de son commanditaire, Etienne Chevalier, conseiller du roi, peint aux côtés de Saint-Etienne. La favorite a figuré sur des gravures illustrant des oeuvres littéraires, des médailles et dans la bande dessinée…

A savoir

Il existe même des cartes à jouer, des figurines à son effigie et des reliquaires contenant des mèches de ses cheveux ou des fragments d’un de ses os !

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

Même les auteurs s’y mettent

Outre les représentations graphiques, Agnès Sorel a fait l’objet de nombre d’écrits de chroniqueurs, d’historiographes, de poètes et de littérateurs. Dans son poème héroïque « la Pucelle ou la France délivrée », Jean Chapelain (1595-1674) oppose Agnès Sorel, qu’il juge maléfique, à la chaste Jeanne d’Arc. Voltaire évoque aussi la favorite, mais de façon plutôt favorable, dans son poème héroi-comique en dix-huit chants « La Pucelle d’Orléans ».

Les plantes sont les alliées beauté d’Agnès Sorel

Au pied de l’imposant donjon de la Cité royale de Loches, un espace de verdure a été créé d’après des enluminures médiévales. Il fait revivre le jardin des simples du Moyen Âge, riche en plantes aromatiques et médicinales. L’exposition sur Agnès Sorel s’y prolonge en présentant les plantes utilisées au XVe siècle en médecine. Le parcours évoque les plantes employées à l’époque pour élaborer des crèmes, des onguents, et des produits cosmétiques.

Quand la Paléopathologie dévoile des informations importantes

En février 1450, Agnès Sorel meurt à l’âge de 28 ans près de l’abbaye de Jumièges. Elle venait d’accoucher de sa quatrième fille, après avoir entrepris un voyage en plein hiver pour rejoindre Charles VII. En effet, elle avait été alarmée par des rumeurs de complot contre le souverain qui combattait pour reconquérir la Normandie aux Anglais. Elle meurt officiellement d’une infection puerpérale ou d’un « flux de ventre ». Sa mort soudaine suscite des rumeurs d’empoisonnement. En 2005, 22 médecins et scientifiques français*ont pu travailler sur les restes de ses ossements. Ce qui a permis de démontrer qu’elle avait eu une intoxication aiguë au mercure. Toutefois, ces scientifiques n’ont pu conclure à son caractère criminel. Agnès Sorel était soignée avec du mercure contre ses vers intestinaux. Or, les teneurs retrouvées en 2005 sont sans commune mesure avec les doses thérapeutiques administrées à l’époque.

*coordonnés par le docteur Philippe Charlier

Agnes Sorel - une superbe exposition à Loches

Une étude scientifique passionnante

L’étude scientifique menée sur les restes du crâne d’Agnès Sorel a permis de réaliser plusieurs reconstitutions du visage de la favorite depuis 2005. Celles-ci nous offrent une image incarnée et saisissante d’une femme considérée comme la plus belle du royaume. Cette reconstitution en 3D est exposée et expliquée aux visiteurs. Elle se situe dans un espace dédié du donjon, reconstitué un laboratoire. Le visiteur devient alors acteur des dernières découvertes qui ont été faites à partir des restes de la défunte. Agnès Sorel avait souhaité être inhumée à la Collégiale de Loches, à laquelle elle avait accordé un legs important. Son superbe gisant en marbre et en albâtre a été magnifiquement restitué dans son état originel lors d’une campagne de restauration en 2015/2016. Agnès y est représentée portant une couronne de duchesse. A ses pieds se trouvent deux agneaux symboles de sa douceur et évocation de son prénom.

Informations Pratiques

septembre : 9 h – 19 h
octobre – mars : 9 h 30 – 17 h
Fermeture : 1er janvier et 25 décembre
Dernier billet : vendu 30 minutes avant la fermeture
Plein tarif : 10,50 €
Tarif réduit : 8,50 € (7-18 ans, étudiants, enseignants, groupes à partir de 15 personnes, carte d’invalidité, familles nombreuses…)
Visite avec support multimédia : HistoPad© au donjon (visite en réalité augmentée) inclus dans le prix du billet.
Gratuit pour les moins de 7 ans et les demandeurs d’emploi.
Un programme de conférences autour d’Agnès Sorel est proposé tout au long de l’exposition : Livret «Agnès Sorel, l’influenceuse», proposé à la boutique du Logis royal, permet de prolonger la visite de l’exposition. 40 pages, Prix de vente : 9,50 €
Cité royale de Loches
5 place Charles VII – 37600 Loches
Tél : +33 (0)2 47 19 18 08
www.citeroyaleloches.fr

Copyright : Christophe Raimbault

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