Jean-Jacques de Launay, un crooner surnommé le « French Sinatra »

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Jean-Jacques de Launay, un crooner surnommé le « French Sinatra »

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Originaire de Normandie, Jean-Jacques de Launay a plusieurs cordes à son arc.  Comédien, chanteur, musicien, humoriste, scénariste et animateur radio, il ne manque pas d’atouts. Dès l’âge de onze ans, il est attiré par la musique. Toutefois, c’est dans la «fanfare» de l’école de la petite ville dans laquelle il habite avec ses parents et ses frères et sœur qu’il se familiarise avec elle. Il commence à jouer du bugle puis passe au trombone à coulisse. Cette fanfare avait été créée Yves Veyronnet, un de ses instituteurs musicien dans un orchestre de bal. Après quatre années, il se retrouve sur scène pour chanter avec cet orchestre composé de professeurs des écoles. Le début d’une carrière internationale.

Son timbre de voix original va lui permettre de se faire remarquer. A quinze ans, il charme déjà les spectateurs avec sa voix de crooner. A seize, il est engagé avec son trombone dans plusieurs orchestres de bals, comme « Chrysdie », « Eric Tam », « Les Hoogans ». Le Jazz lui ayant fait des clins d’oeil sympathiques, Jean-Jacques de Launay met son talent de tromboniste au service du «Jazz New Orléans». Ce parcours durera jusqu’à l’âge de 23 ans. Toutefois, ce boulimique artistique s’avère doué pour les arts plastiques et graphiques. Résultat, il intègre l’école des Beaux-Arts de Rouen. Ne croyez pas qu’il va s’arrêter là. Que nenni ! Notre artiste avait commencé à s’intéresser  au théâtre avec madame Jeanne Gois qui dirige la troupe « Les Masques ». Ce professeur va lui donner le goût de la scène, de la comédie musicale et des belles pièces classiques en lui proposant d’interpréter des rôles importants.

Jean-Jacques de Launay à Saint-Leu-La-Forêt

Concert de Jean-Jacques de Launay à Saint-Leu-La-Forêt

Jean-Jacques de Launay : naissance d’une passion

Quand il atteint l’âge de dix huit ans, Jean-Jacques de Launay se découvre une passion pour la comédie. C’est en jouant Oreste dans « Andromaque » la tragédie de Jean Racine qu’il reçoit un choc émotionnel. Et là, c’est la révélation. L’émotion qui le percute va bouleverser sa vie. A ce moment précis, il comprend qu’il veut devenir comédien. Pas de temps à perdre. Il n’a que dix neuf ans mais sa décision est prise. Il quitte l’école des Beaux-Arts pour le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Rouen. C’est dans la classe de comédie de Jean Chevrin qu’il va apprendre le métier. Malheureusement, service militaire oblige, à vingt ans, il doit interrompre cette formation. Mais une bonne fée veille sur lui. En effet après trois mois d’instruction militaire comme élève sous-officier, on le verse dans la musique du 39ème régiment d’infanterie à la caserne Pélissier de Rouen.

Jean-Jacques de Launay et Michel Drucker

Jean-Jacques de Launay et Michel Drucker

Une carrière qui se profile

Dès son retour à la vie civile, Jean-Jacques de Launay réintègre le conservatoire pour y terminer ses études de comédie. Il s’inscrit également dans la classe de chant d’Henri Bedex. Il obtient son diplôme deux ans plus tard. C’est avec fierté qu’il peut se targuer d’avoir obtenu le premier prix de comédie Classique avec le rôle de Sganarelle dans la pièce du « Médecin malgré lui » de Molière. Il peut aussi faire valoir son second prix de comédie moderne avec celui de Liliom dans la pièce du même nom de Ferenc Molnár. Désireux de mettre son talent en avant, à vingt trois ans, il frappe à la porte de la troupe théâtrale de « l’Expansion Culturelle de Normandie » dirigée par Ado Vasseur. Bien lui en a pris, puisqu’on lui a proposé le rôle-titre de « Gringoire » de Théodore de Bainville.

Les éloges pleuvent

« Jean-Jacques Delaunay interprète de façon magistrale le personnage de Gringoire », « Quelle présence en scène », « Ce rôle laisse augurer d’une brillante carrière », « L’un des meilleurs spectacles de l’Expansion »,  « Jamais spectacle n’avait obtenu un tel succès » … Jean-Jacques de Launay fait une entrée éblouissante dans le métier.

Jean-Jacques de Launay - et Manitas de Plats au Dom Camilo

Jean-Jacques de Launay et Manitas de Plats au Dom Camilo

Une amitié qui va changer sa vie

Durant trois ans, à « l’Expansion », il interprète Molière et le répertoire du Théâtre Classique Français. Il joue également dans divers Opéras Bouffes de Jacques d’Offenbach, plusieurs opérettes et Comédies musicales. Quand le destin s’en mêle, il se passe des rencontres qui changent la donne. En effet, lors d’un séjour en Camargue, aux saintes Maries de la Mer, Jean-Jacques de Launay croise le chemin des « Baliardo » et des « Reyes », deux familles musiciennes gitanes de légende. Manitas de Plata (Ricardo Baliardo) est le guitariste reconnu internationalement. José Reyes est considéré comme « le pape » des chanteurs de flamenco en France. Les deux le prennent en amitié. Manitas offre une de ses guitares à Jean-Jacques. José Reyes lui apprend à s’en servir. D’ailleurs, dix ans plus tard, les enfants de Manitas et de José créeront le fabuleux groupe « Les Gypsy Kings ».

Jacques de Launay - François Hegron, Eric Fournier

Au Petit Journal Saint-Michel : Jacques de Launay, François Hegron, Eric Fournier. ©Jean-Pierre Marie

Jean-Jacques de Launay a la guitare dans la peau

L’artiste maitrise parfaitement la guitare et le rythme de la Rumba Flamenca. Cette passion et cette maitrise vont sceller son destin. Et oui, sur cette guitare Jean-Jacques commence à écrire et composer ses premières chansons humoristiques avec un de ses comparses de conservatoire, Alain Cocagne. Les deux compèrent commencent à chanter dans les restaurants rouennais. Le succès est immédiat. Ils montent à Paris, grâce à l’intervention du comédien Dominique Paturel*. Ce dernier qui tourne un film dans la région rouennaise, passe une soirée au « Lamparo ». Dans ce restaurant de la capitale normande, Jean-Jacques et Alain chantent. Dominique recommande les jeunes duettistes à Martial Carré. Ce dernier est le directeur artistique du célèbre théâtre de chansonniers « Le Caveau de la République ». Martial les écoute en audition privée avec comme jury les artistes du « Caveau » du programme en cours**. S’en suivra l’audition publique le 17 décembre 1975. Ils sont engagés.

*la voix française de J.R dans Dallas.
**Patrick Sebastien, André Rochel, Edmond Meunier
Jean-Jacques et Jean-Pierre Foucault "Les Enfants de la Radio"

Jean-Jacques et Jean-Pierre Foucault « Les Enfants de la Radio »

Le succès est au rendez-vous

En 1976, les français découvrent « Cocagne et Delaunay ». C’est dans le temple des chansonniers que les duettistes se taillent une solide réputation en quelques semaines. Patrick Sébastien les présente à Jacques Massebœuf. Ce dernier est le co-patron du cabaret « Le Port du salut », rue Saint-Jacques avec Françoise Rosey. Un magnifique tremplin pour Jean-Jacques de Laynay et Alain Cocagne. En effet, les cabarets parisiens se les arrachent*. Les deux artistes se produisent également au Cabaret de la ‘Tour Eiffel ». Napo**, le directeur, parle d’eux à son ami Jean-Louis Boris, directeur de l’Olympia. Impossible de rêver mieux pour obtenir une notoriété nationale, voir internationale. En février 1977, ils assurent la première partie de Dalida à l’Olympia, le plus fameux music-hall de France. Une consécration qui leur vaut d’être comparé aux plus grands duos de l’histoire du music-hall français par la presse.

* La « Rôtisserie de l’Abbaye », « l’Orée du Bois », « Chez Felix », « Le Caveau de la Bolée », « Le pénitencier », « Le Canotier du pied de la butte », « La Boulangerie des Tuileries » et bien d’autres.
Jean-Jacques devant le Pont de Brooking à New-York

Jean-Jacques devant le Pont de Brooking

Du disque à la télévision

En 1978, Jean Vergnes le fondateur du « Don Camillo » de la rue des Saints-Pères, les engage*. Encore plus fabuleux, le label discographique « Phonogram-Philips » leur fait enregistrer leur premier disque. Résultat, on commence à les entendre chanter sur les radios nationales. S’en suivent des participations à des émissions de télévision. Guy Lux comme « Top Club », « Système 2 » et « Ring Parade » et d’autres telles que « Pi sur l’A2 », « Le club du Lundi », « Côté Jardin », etc… Leur ami des débuts, Patrick Sébastien qui est devenu le plus grand animateur-producteur de la télévision française, les fait venir dans ses émissions : « Farandole », « Sébastien c’est Fou »…

*Cette collaboration perdure encore aujourd’hui avec Jean-Jacques de Launay.
Jean-Jacques à Las Vegas

Jean-Jacques à Las Vegas

Jean-Jacques à Hollywood

Jean-Jacques à Hollywood

La fin du duo

Après dix ans de succès ininterrompu en France et dans les pays francophones « Cocagne et Delaunay » se séparent. Cette séparation n’entame pas l’ardeur et la passion de Jean-Jacques de Launay. Son parcours d’« Homme de Cabaret » lui vaut d’être célèbre et incontournable. Sa réputation toujours intacte, il présente son nouveau spectacle en solo. L’originalité de ce dernier et le talent de Jean-Jacques le font rester une star des scènes de cabarets et de music-halls. La même année, Philippe Bouvard leur demande de revenir à la télévision. Jean-Jacques de Launay accepte et passe deux années sur Antenne 2 au célèbre « Petit Théâtre de Bouvard». Il écrit, joue et chante. Pour alimenter cette émission dont la fréquence est de cinq jours par semaine, des dizaines de chansons naissent de sa collaboration avec Serge Llado. Ce dernier est lui aussi transfuge des grands cabarets parisiens et nationaux. 

Jean-Jacques à Hollywood

Jean-Jacques Las Vegas – Etoiles Frank Sinatra, Dean Martin

Une interruption pour cause familiale

En 1991, alors qu’il cartonne sur France 3 comme invité à « La Classe »*, son épouse décède. Jean-Jacques décide de s’occuper de leurs deux enfants. Ils ont respectivement 13 et 15 ans. Pour eux, il se retire du monde de la nuit parisienne et quitte la capitale afin d’assurer leur éducation. Mettre sa vie d’artiste entre parenthèses ne signifie pas devenir oisif. En 1992, Jean-Jacques achète un restaurant à Rouen. Il le transforme en lieu de chansons et de spectacles. Sa personnalité, son sens de l’accueil et de la convivialité, son esprit de fête et son professionnalisme assurent un très grand succès à ce nouveau lieu. On vient de loin pour y passer des soirées inoubliables. Durant six ans, il sera le patron du « Via Tony », le premier Restaurant-Karaoké-Cabaret de Normandie. Et dans le même temps, il assumera ses responsabilités parentales qui lui tenaient à cœur.

 *émission produite par Guy Lux et animée journellement par l’animateur Fabrice
Jean-Jacques et Odile Vuillemin - Chloé Saint-Laurent - Soirée fin de Saison de Profilage au Carousel de Paris

Jean-Jacques et Odile Vuillemin – Chloé Saint-Laurent – Soirée fin de Saison de Profilage au Carousel de Paris

Un retour en fanfare

En 1997, il renoue avec les grandes scènes et revient à télévision avec de nouveaux sketches et chansons humoristiques. Il se réinstalle à Paris et retrouve les scènes des cabarets et cafés-théâtres parisiens. De nouveau, il enchaine les spectacles et les tournées à Paris, les régions et les pays francophones. Bien que le métier d’humoriste lui apporte beaucoup de satisfaction, il a envie d’alimenter sa grande passion pour la chanson de crooner. Pour ce faire, il s’installe à « La Crémaillère 1900», le célèbre restaurant-Cabaret de la place du Tertre à Montmartre. Sa voix exceptionnelle et sa classe naturelle font que ceux qui l’entendent chanter le considèrent comme l’un des meilleurs crooners de France. En quatre langues il chante ses propres chansons et celles d’autres célébrités*. Le public, qui vient des quatre coins du monde, voit en lui l’image du « Parfait Chanteur de Charme Français ».

* Yves Montand, Charles Trenet, Charles Aznavour, Edith Piaf, Frank Sinatra, Dean Martin et autres crooners. 
Jean-Jacques de Launay et Lynda Lemay à l'Olympia 2016

Jean-Jacques de Launay et Lynda Lemay à l’Olympia 2016

De chanteur à Showman

A l’issue d’une interview qu’il accorde à « Radio Etoile du Cœur », on lui propose de produire et d’animer sa propre émission. Il crée le « De Launay Show », une émission consacrée au spectacle dans laquelle il reçoit des artistes de renom. Le hasard fait parfois bien les choses. En 2012, de passage à New York, il se confronte au public américain. Au « Zeb’s », au « Cleopatra’s Needle », au « Jules Bistro », après qu’il se soit présenté, on l’invite à chanter quelques chansons. Il recueille des bravos dans chaque endroit et savoure son impact sur une clientèle de connaisseurs. En dehors de nos frontières, il constate qu’il obtient le même succès. Son talent, l’impact de la voix semblent universels.

Jean-Jacques concert Italie -Avril 2012 - Musiciens Chapelle

Jean-Jacques concert Italie -Avril 2012 – Musiciens Chapelle

Quand les Etats-Unis lui ouvre une voie royale

En 2013, a l’issue de l’un de ses concerts, la journaliste américaine Jane Rosenstein, correspondante à Paris du journal « Veterans Day » lui fait part de son enthousiasme. Elle affirme n’avoir jamais entendu en France un crooner de sa qualité et estime qu’une carrière pourrait s’ouvrir pour lui aux Etats-Unis. Elle projette d’en parler à certains de ses contacts outre-Atlantique. Effectivement, au mois de mai Jean-Jacques reçoit un coup de téléphone de Las Vegas, on l’invite à venir s’y produire. Le 14 juillet, lors de la célébration du « Bastille Day », les américains découvrent sa voix et sa personnalité. De nouveau, il s’entend recommander d’envisager une carrière américaine. Parmi ses nouveaux amis, il y a Nino Frediani, issu d’une des plus vieilles familles circassiennes d’Europe. Il est naturalisé américain depuis plusieurs dizaines d’années. 

Jean-Jacques de Launay et Amir

Jean-Jacques de Launay et Amir

Succès confirmé

En décembre, Jean-Jacques retourne passer dix jours à Las Vegas sur l’invitation de Nino Frediani. Ce dernier aimerait devenir son manager aux Etats-Unis. Nino le fait chanter dans plusieurs Night Clubs et Casinos comme  l’«Italian American Club » et « Siena Authentic ». A chaque fois, c’est un tonnerre d’applaudissement et de félicitations. Sa voix, son style, son talent sont reconnus et hautement appréciés ! De février à avril, il loue un appartement et s’installe trois mois à Las Vegas. Niono Frediani et quelques amis le font découvrir dans d’autres lieux réputés comme le «Tuscany Casino», le «Rampart Casino», le «Bootlegger Italian Bistro» … Nombre de musiciens et chanteurs bien connus comme Carmine Mandia, Laura Shaffer, Joey Melotti, Jonathan Karrant « l’adoptent » et l’invitent à prendre part à leurs propres shows. Certains le surnomme « French Sinatra », ce qui n’est pas le moindre des compliments.

Des propositions intéressantes

Son succès se confirme et s’amplifie à chacune de ses interventions.  L’« Italian American Club », « Siena Authentic», également Michael Edelstein, producteur à Los Angeles, parlent de l’engager à long terme, s’il décidait de venir vivre aux Etats-Unis.

Jean-Jacques de Launay et Marc Lavoine

Jean-Jacques de Launay et Marc Lavoine

Retour en France

De 2015 à 2018, Jean-Jacques se produit sur toutes les scènes où il est convié. Chaque année, il retourne chanter à Las Vegas pour un ou deux mois. Le reste du temps, c’est en France qu’il continue sa carrière. Il fait un carton au Don Camilo, « Chez ma Cousine » et dans les cabarets les plus célèbres de Paris. A la radio, sa chronique chantée dans l’émission « Le Clan des Chansonniers » le hisse à la demi-finale de « La France a un incroyable talent ». Les galas à Paris et en province s’enchainent. Jean-Jacques participent à des événements en Italie, au Mexique, en Thaïlande, en Angleterre etc. En 2019, le gouvernement met la France à l’arrêt à cause du Covid. A 62 ans, le crooner ne reste pas les bras croisés. Suite à sa rencontre avec le producteur Gilles Michel, il enregistre « The French Mélodies ».

A savoir

Avec le pianiste Frédéric Andrews, il a effectué un gros travail sur les orchestrations afin d’amener de la nouveauté à ces chansons françaises. Dans la foulée, il a écrit des nouvelles chansons comiques pour nourrir son spectacle « Le Crooner du rire ». 

Jean-Jacques de Launay et Any d'Avray

Jean-Jacques de Launay et Any d’Avray

Une carrière qui perdure

Depuis 2020, Jean-Jacques de Launay continue à chanter sur les petites et les grandes scènes de France avec ou sans guitare. Il a créé un spectacle intitulé « Swingue La France » dans lequel il revisite les grands standards français sur le mode « Jazz Manouche » et un second « Sur les Pas de Frank Sinatra ». Pour celui-ci, il est accompagné par le « Five O’Clock Jazz Group ». L’orchestre est composé de sept musiciens dirigés par Jacques Benhamou. Avec ce show, il fréquente régulièrement « Le Petit Journal Saint Michel », le mythique club de jazz parisien. Jean-Jacques continue à donner des concerts en France. Toutefois, il espère effectuer une vraie tournée mondiale. Sa chanson comique « Pénélope » fait toujours le buzz sur internet. Et il est toujours reconnu comme l’un des meilleurs crooners de sa génération. Son parcours surprenant et atypique fait de lui un artiste aux multiples talents. 

A savoir

D’après Joël Behuet, le patron du « Petit Journal Montparnasse », haut-lieu du spectacle parisien : « Jean-Jacques de Launay n’a pas d’équivalent aujourd’hui en France »

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