La Symphonie des arbres : une histoire vraie, passionnante et émouvante à voir absolument…

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La Symphonie des arbres : une histoire vraie, passionnante et émouvante à voir absolument…

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La Symphonie des arbres est un documentaire qui dure une heure vingt trois. Il est tellement passionnant et émouvant que l’on ne voit pas le temps passer. Impossible de rester indifférent face à la quête de ce luthier qui veut absolument concevoir un violon d’exception. Ce violon aura les mêmes qualités que le plus beau des stradivarius. Cette histoire est vraie, c’est ce qui la rend encore plus émouvante et passionnante. Il faut voir ce magnifique documentaire, tourné dans les circonstances réelles où le danger est présent et le risque assumé. Découverte d’un film à ne pas manquer et qui devrait vous plaire.

Depuis des années, Gaspar Borchardt, luthier à Crémone, est habité par l’idée de fabriquer un violon d’exception. Pour réaliser un instrument capable de rivaliser avec un Stradivarius, il se met en quête du bois le plus parfait. Il s’agit d’un érable multicentenaire devenu presque introuvable. Pour trouver la perle rare, Gaspar se rend dans les forêts d’Europe centrale. Ce périple l’ammène dans des zones encore couvertes de mines antipersonnel. Il est guidé par des personnages aussi intrigants qu’inquiétants. Mais s’il y parvient, il pourra offrir à Janine Jansen, célèbre violoniste néerlandaise, l’instrument le plus parfait de sa carrière de luthier. La Symphonie des arbres retrace sa quête visant à trouver ce fabuleux érable.

Lz Symphonie des Arbres - Gaspar Borchardt, luthier à Crémone,

Gaspar Borchardt, luthier à Crémone©Urban distribution

Hans Lukas Hanse : Le réalisateur

« Pour moi, La Symphonie des arbres est un véritable conte de fées, une histoire d’artisanat, de rêves et de musique, un film sur l’urgence de créer. J’ai voulu réaliser un documentaire d’aventure avec une histoire composée d’énigmes, de magie, de suspense, de rebondissements et de révélations d’anciens secrets. La Symphonie des arbres est un documentaire pour lequel j’ai souhaité utiliser les ressorts de la fiction. Il n’y pas d’acteurs mais des personnages bien dessinés, avec des intrigues, une écriture et une mise en scène, au service d’une vraie chasse aux trésors contemporaine. » Hans Lukas Hanse,

Entretien avec Hans Lukas Hansen par Dominique Poncet

La Symphonie des Arbres - Gaspar Borchardt, luthier à Crémone

Gaspar Borchardt, luthier à Crémone©Urban distribution

Comment avez-vous rencontré Gaspar et réussi à suivre ce périple du début à la fin ?

« J’ai rencontré Gaspar il y a six ans. Un journaliste que je connaissais travaillait sur un article sur les objets les plus chers créés par des hommes – comme des montres ou des bijoux. Il se trouve que les plus chers sont de vieux violons, fabriqués il y a plusieurs siècles. On lui avait indiqué un luthier de Cremone (en Italie), le berceau du violon. Comme ses collègues, Gaspar avait étudié les mystères et les énigmes qui entourent les anciens maîtres Stradivari et Guarneri. Leurs violons se vendent à plus de 10 ou 12 millions d’euros, et les artistes les plus renommés préfèrent jouer sur ces instruments.« 

Pourquoi, depuis 300 ans, personne n’a réussi à fabriquer des violons de cette qualité ?

« Cela faisait déjà plusieurs années que Gaspar s’efforçait de résoudre cette énigme. Comment trouver le meilleur bois ? Plus spécifiquement l’érable moiré bosniaque dont sont issus les violons de Stradivari. Beaucoup pensent que c’est sans doute le plus grand secret. Et beaucoup disent que ce type de bois est introuvable aujourd’hui. Gaspar nous a dit alors qu’il avait travaillé sur une carte au trésor, et contacté des sources susceptibles de le guider vers un ou plusieurs arbres ayant subsisté. Sans en parler à personne. Nous avons donc décidé de le suivre avec la caméra.« 

La Symphonie des Arbres - Gaspar  Borchardt

©Urban Distribution

Une aventure pas comme les autres

« La phase de production fut une épopée. Il a fallu effectuer beaucoup de recherches pour établir un bon contact et une relation de confiance avec les différents intervenants. C’est compliqué de travailler depuis la Norvège quand on veut suivre un luthier qui vit en Italie et qui traque du bois en ex-Yougoslavie. Nous avons travaillé six ans sur ce film – sans savoir si nous allions parvenir au résultat rêvé. À vrai dire, Gaspar avait peu de chances de réussir. Mais à mon sens, le plus excitant était la chasse en elle-même. Et aussi l’histoire d’un homme avec la majeure partie de sa vie derrière lui. Pourtant, il se bat pour réaliser le rêve d’une existence et pour fabriquer son chef d’oeuvre. Je pense que les gens peuvent s’identifier à ça. Moi par exemple, j’espère que mon meilleur film reste à faire.« 

Gaspar Borchardt sa femme Sibylle Fehr

Gaspar Borchardt sa femme Sibylle Fehr©Urban Distribution

La Symphonie des arbres  : Une histoire vraie

La quête musicale de Gaspar prend des allures de thriller.

Comment avez-vous abordé les scènes avec l’intermédiaire, le dealer de bois et la forêt minée ?

« Gaspar a pris contact avec plusieurs personnes au Montenegro et en Bosnie. Nous avons donc décidé d’aller en Bosnie avant lui, pour voir si c’était intéressant en termes de casting et d’image. Nous avons bien accroché avec l’intermédiaire Bojan. Il allait devenir une pièce maîtresse de la quête de Gaspar, pour trouver l’arbre de sa vie. Bojan a joué aussi un rôle important d’interprète, pour Gaspar et pour nous. Son approche directe orientée vers des solutions a donné le ton pour Gaspar. Il nous a ouvert des portes pour rencontrer le luthier Mirko et le dealer de bois Marko avec son arbre au milieu des mines dans la forêt montagneuse. Sans compter Samir, l’imprévisible dealer de bois qui fait un business louche en périphérie de Sarajejo. Toutes ces scènes n’ont été filmées qu’une fois au moment où elles se déroulaient. Nous nous sommes donc préparés à gérer différents scénarios. »

La Symphonie des Arbres - Gaspar et Bojan

Gaspar et Bojan©Urban Distribution

La Symphonie des Arbres - Janine Jansen teste le bois d'érable

Janine Jansen teste le bois d’érable©Urban Distribution

Janine Jansen

©Urban Distribution

Qu’est-il advenu du violon ?

« En janvier 2020, Gaspar s’est rendu à Garmisch-Partenkirchen pour rencontrer Janine Jansen à l’hôtel Schloss Elmau (Bavière) où elle donnait des concerts. Comme vous pouvez le voir dans le film, c’est à ce moment làqu’il lui a remis le violon, quatre ans après leur rencontre. Janine a joué avec ce violon pendant le concert et Gaspar était extrêmement fier. Après le concert, Gaspar avait prévu de ramener le violon à Cremone pour effectuer quelques ajustements après avoir vu Janine jouer avec sur scène. C’est commun chez les luthiers d’ajuster le nouvel instrument au style du violoniste élu. Quatre semaines après leur entrevue à Garmish, le coronavirus a commencé à dévaster l’Italie – en particulier en Lombardie. Le reste appartient à l’histoire désormais.« 

La vie reprend son cours

Maintenant – un an et demi plus tard, les Italiens (et Gaspar) ont presque retrouvé un quotidien normal. Et en ce moment-même le violon est conservé précieusement dans un coffre dans l’atelier de Gaspar. Janine a attrapé le coronavirus et a été malade. Elle a enfin pu inviter Gaspar en novembre pour une nouvelle rencontre. Il pourra lui ramener le violon, et un second violon fabriqué à partir du même bois. Au total il a de quoi fabriquer environ six violons avec ce bois d’érable moiré.

Les personnages clés de La Symphonie des arbres

Hans Lukas Hansen

©Urban Distribution

Hans Lukas Hansen

Hans Lukas Hansen est un réalisateur de films documentaires vivant à Oslo en Norvège. Il grandit à Kristiansand mais déménage à Volda à l’âge de 24 ans pour faire ses études au sein de l’Ecole de Films Documentaires. Une fois diplômé, il fait ses débuts en 2006 avec le film primé MED FLAGGET PÅ BRYSTET. Depuis, il a réalisé et produit de nombreux films et de nombreuses séries documentaires, et a reçu un nombre conséquent de prix pour son travail. La Symphonie des arbres est son premier long métrage documentaire sortant au cinéma.

La Symphonie des Arbres - Gaspar  Borchardt

©Urban Distribution

Gaspar  Borchardt

Luthier hautement estimé, il est né en Allemagne en 1961. Il s’est installé à Crémone en 1984, ville de ses rêves où il fit ses études pour apprendre le métier. Depuis, il partage son atelier avec sa femme Sibylle Fehr. Ils sont installés Piazza Duomo, la place centrale de Crémone en Italie. En tant que luthier, Gaspar a cherché toute sa vie le son parfait. Sa production se caractérise par une remarquable attention portée sur les détails. Il fabrique ses violons, violes et violoncelles d’après la « Méthode Classique de Crémone » marchant dans les pas de maîtres tels que Stradivari et Guarneri mais en utilisant ses propres moules. Son principal objectif consiste à atteindre une meilleure structure et un son de plus en plus raffiné. Il est toujours en quête d’un instrument ayant son propre caractère et toujours ouvertement transparent à la volonté de l’interprète.

La Symphonie des Arbres - Janine Jansen

©Urban Distribution

Janine Jansen

C’est une des violonistes les plus réputées de la scène classique actuelle, tant dans le répertoire avec orchestre que dans celui de musique de chambre. Elle est née en 1978 à Soest aux Pays-Bas dans une famille de musiciens. Son père et ses frères sont musiciens alors que sa mère est chanteuse lyrique. Janine Jansen commence l’étude du violon à l’âge de 6 ans, et compte notamment Philippe Hirschhorn et Boris Belkin parmi ses professeurs. Elle se produit pour la première fois en concert en 1997, avec le Concertgebouw d’Amsterdam, puis se fait remarquer en tant que soliste lors de son interprétation du Concerto pour violon de Brahms avec le National Youth Orchestra of Scotland, en 2001.

Des distinctions fabuleuses

La carrière de Janine Jansen se trouve véritablement lancée lorsqu’elle obtient une haute distinction nationale de la part du Ministère de la Culture néerlandais, en 2003. Elle a obtenu plusieurs distinctions, dont le « Royal Philharmonic Society Instrumentalist Award » en 2009. Elle a joué sur le violon « Barrere » fabriqué par Antonio Stradivari en 1727. Il a été  prêté par la Stradivari Society de Chicago et sur le « Baron Deurbroucq », également oeuvre de Stradivari la même année, propriété de la Beare’s International Violin Society.

La Symphonie des Arbres - Bilal Alnemr

©Urban Distribution

Bilal Alnemr

En tant que violoniste, j’ai été touché par cette histoire qui raconte le chemin d’un luthier passionné par son métier. J’étais tout petit quand j’ai commencé à jouer du violon. A cette époque, j’étais émerveillé par la beauté, l’amplitude et l’incroyable diversité des sons que j’arrivais à sortir de ce petit instrument, alors que je n’avais aucune autre curiosité à son sujet. Peu m’importait qui l’avait fabriqué, avec quels matériaux, selon quelles techniques etc. Dans mon ignorance un peu vaniteuse d’enfant, je croyais que j’étais le seul « maître » de sa sonorité. Et puis évidemment, au fil du temps et de mon apprentissage, j’ai fini par comprendre qu’un violoniste dépend beaucoup, pour ne pas dire plus, de son instrument.

Le métier de luthier l’intéresse

Et je me suis donc, enfin, intéressé au métier de luthier. C’est un des métiers pour lequel, aujourd’hui, j’ai une immense admiration, pas tant pour le savoir-faire, le doigté, l’oreille et l’intuition qu’il exige, mais parce qu’il est un de ceux qui implique le plus d’humilité et d’abnégation. Les luthiers fabriquent de merveilleux instruments mais ils n’en restent jamais les propriétaires. Ils les abandonnent à des instrumentistes qui, eux se chargent d’en révéler la beauté sonore. Parmi le grand public, combien de personnes aujourd’hui sont-elles capables de citer des noms de luthiers ?

Un hommage bien mérité

La Symphonie des Arbres est un hommage à ces artistes de l’ombre, dont aucun musicien, même le plus obscur, ne peut se passer. Ce que j’ai trouvé intéressant dans le film, c’est, d’abord, qu’il dresse le portrait d’un luthier de Crémone. Ce n’est pas un détail. Choisir de suivre un luthier qui exerce dans la ville où, au XVII° siècle est né cet artisanat, d’emblée, cela place le film dans une vérité, l’installe dans une émotion. Ensuite l’angle choisi par le réalisateur pour faire découvrir ce luthier est singulier. Il ne va pas le montrer en train de travailler dans le secret de son atelier, mais il va l’accompagner dans son voyage à la recherche de l’épicéa multi-centenaire dans lequel il fabriquera son violon.

L'arbre : élément crucial du violon

©Pixabay

L’arbre : élément crucial du violon

On le sait peu, mais la fabrication d’un violon commence par le choix de l’arbre dans lequel on va le tailler. C’est à la façon dont son tronc « sonne » lorsqu’on le frappe qu’on peut savoir si oui ou non, un arbre a les qualités pour devenir un bois de violon. Le film raconte cette quête-là, qui relève, pour le luthier, d’une véritable chasse aux trésors car les érables multicentenaires ne sont pas légions en Europe. Le suivre dans ses pérégrinations fait découvrir des régions et des jolies forêts. Même si la perfection d’un violon ne dépend pas que de la seule qualité du bois, c’est touchant de voir avec quelle pugnacité, ce luthier recherche ce bois parfait. Le trouvera-t-il ? Le film tient du conte.

Une présence magique

La présence de la violoniste Janine Jansen est une chose formidable. Pour donner un sens à sa recherche et trouver la force d’aller au bout de son rêve, ce luthier a décidé d’offrir son violon, encore hypothétique, à une violoniste. Il a choisi Janine Jansen qui est parmi les plus grandes du monde. Ce film raconte la passion pour le métier de luthier, et l’abnégation qu’il demande, puisqu’à la fin, le violon – réussi – du luthier lui échappera, comme tous les violons échappent à leur créateur pour aller vivre et revivre sans fin sous les doigts des instrumentistes successifs qui les posséderont. Le hasard fait que ce film cite le nom du lauréat 2018, du premier prix du concours des luthiers de Crémone. Il s’agit de Nicolas Bonet. Je me suis senti personnellement concerné car il se trouve que je joue et me produis depuis deux ans sur un violon de Nicolas.

La Symphonie des arbres

La Symphonie des arbres

Un film de Hans Lukas Hansen
Documentaire – Norvège – 2020 – 1h23

Equipe technique

Réalisateur HANS LUKAS HANSEN
Scénariste et co-producteur CHRISTIAN LYSVÅG
Directeur de la photographie KARL ERIK BRØNDBO
Monteur CHRISTOFFER HEIE
Ingénieur du son  ADRIAN SOUYRIS STRUMSE
Productrice BENEDIKTE DANIELSEN
Producteurs associés EIRIN O.HØGETVEIT LINN THORKILDSEN
Co-producteurs BALDR FILM KATJA DRAAIJER FRANK HOEVE
Compositrices musique originale GINGE et LISE SØRENSEN VOLDSDAL
Ventes Internationales RESERVOIR DOCS
Distribution France URBAN DISTRIBUTION

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