Le Masque de Fer a fait couler beaucoup d’encre depuis la publication du célèbre récit d’Alexandre Dumas. Qui était donc cet inconnu réduit à l’anonymat derrière un masque… de velours en privé et de Fer en public. Pourquoi Louis XIV l’a-t-il fait enfermer ? Sa véritable identité continue toujours de faire l’objet de nombreuses spéculations. Saura-t-on un jour qui il était vraiment ?

La lumière s’allume ! Un homme est assis sur un tabouret. Son immense chapeau cache son visage. Nous sommes à Paris, en 1708. Saint-Mars va se confier à nous et dialoguer avec un journaliste. Ancien mousquetaire et geôlier de la Bastille, Saint-Mars va être bousculé verbalement par ce trublion de la « Gazette d’Amsterdam ». Son nom ? Monsieur Linget. Comme beaucoup, il veut connaître le secret du Masque de Fer… Saint-Mars va commencer par lui raconter sa vie sous la forme d’une confession. Elle va nous permettre de revivre avec lui toutes ses aventures… jusqu’à découvrir la vérité au sujet de ce prisonnier si particulier… Une interprétation magistrale qui mérite d’être vue. Donat Guibert est un acteur talentueux que j’ai découvert avec un immense plaisir.

Saint-Mars arrive sur scène avec un grand chapeau.

Un monologue captivant et instructif.

Le verbe est juste, le ton impressionnant et les mots percutants.

Le Masque de Fer

Etre responsable d’un prisonnier comme Le Masque de Fer n’est pas un long fleuve tranquille. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il s’agit d’une punition pour Saint-Mars. Décevoir d’Artagnan implique sa vengeance… même si elle doit attendre longtemps avant d’être mis en place… mais le jour J, la décision est implacable et le couperet tombe. Pour Sain-Mars, ce fut la prison… bien évidement, il ne fut pas enfermé au sens propre du terme, mais promulgué gouverneur de toutes les grandes prisons françaises, Pignerol, Exilles, Sainte-Marguerite, puis de la citadelle de la Bastille. Autant dire un exil forcé sous forme de promotion… Bien joué de la part de d’Artagnan. D’une remarquable intelligence, il sait déplacer ses pions avec doigté et les mettre là où ils seront « piégés » et dans l’impossibilité de se défendre. Un fin stratège au service du Roi Louis XIV.

La défiance est de règle pour Saint-Mars qui craint pour sa vie.

Le dialogue est entamé avec le journaliste.

Nous découvrons progressivement le parcours de Saint-Mars.

Un seul en scène époustouflant

Saint-Mars, en fin de carrière, a passé la plupart de sa vie à surveiller tous les détenus de son époque, prestigieux ou non. Mensonges, corruption, et intelligence caractérisaient ce siècle. D’ailleurs, Saint-Mars n’échappait pas à la règle. Il était arriviste, zélé et cruel envers ses détenus. Mais également un menteur et un brillant mythomane. Il avait l’art de tromper ses contemporains. D’ailleurs, il n’avait rien à envier à Colbert et Louvois. Loyal envers le Roi et d’une rouerie absolue envers ses contemporains. Donat Guibert, l’auteur et l’acteur, a choisi d’exhumer l’histoire incroyable de ce créateur oublié. Il nous le montre sous un jour différent du mousquetaire “traditionnel”, et par conséquent plus humain. Tout au long de ce seul en scène, c’est le portrait d’un homme qui transforma la médiocrité de son existence en une aventure étrange, digne des récits les plus romanesques que nous allons découvrir.

Chez lui, Saint-Mars est plus détendu.

Une relation de confiance s’instaure progressivement.

La découverte de la vie de Saint-Mars devient palpitante.

De découverte en découverte

Saint-Mars s’amuse avec les nerfs du gazetier en lui débitant les portraits cocasses de ses prisonniers. Puis, il évoque ses illustres contemporains à la manière d’un Saint-Simon ou d’un Bussy-Rabutin. Pendant la durée de son récit, Saint-Mars observe et jauge le journaliste. Progressivement, une relation trouble puis tendue se met en place entre les deux hommes… Commence alors un échange sans concessions dans lequel Saint-Mars sera poussé dans ses ultimes retranchements, et ce au nom de “la vérité”.

Un décor sobre et adapté

Alain Veniger, le metteur en scène, nous livre ses impressions à propos de cette pièce. « L’écriture, sous la forme d’un seul en scène, exige un décor sobre. Lors du premier acte,  il représente l’intérieur d’une taverne. Une table, deux tabourets, une bouteille, une bougie sont les seuls accessoires. Au second acte, nous sommes chez Saint-Mars. Une belle chaise, un guéridon et un candélabre forment le décor. Le costume est celui d’un mousquetaire pour restituer l’époque. Parmi divers accessoires, un est indispensable : le Masque de Fer. Celui-ci sera porté à la fin de la pièce par l’acteur. Ce masque donne un caractère spectaculaire, comme l’avait pensé Saint-Mars en son temps. L’éclairage est accompagné d’une machine à brouillard et d’une “création musicale”. L’ensemble nous plonge dans une atmosphère fantastique et inquiétante.« 

D’aventures en aventures, Saint-Mars en voit de belles.

Des expressions qui en disent long.

La gestuelle accompagné les paroles.

Alain Veniger

« Pendant plus de dix ans, j’ai eu la joie de partager la scène avec Donat Guibert dans la pièce “Fouquet d’Artagnan ou une amitié contrariée”. De par son jeu et sa sensibilité, il interprète un Saint-Mars menteur, sincère et convainquant. Grâce a ses qualités humaines de comédien qu’il défend à merveille ce personnage haut en couleur. J’ai voulu cette mise en scène sobre et efficace en hommage à Jean-Paul Bazziconi. En effet, il su si bien nous diriger dans différents projets.« 

Plus on avance dans la pièce, plus le suspense augmente.

L’émotion est a son comble.

Donat Guibert

De formation classique aux conservatoires de régions et de Paris, il a travaillé avec Françoise Seigner, Patrick Préjean, Claude Gensac, Roland Bertin, Raymond Aquaviva, et Mireille du Petit Conservatoire. Il a écrit et interprété plusieurs one man shows, dont “Des têtes vont tomber ! ” “Parcours d’un jeune C…” et “La Perruque de Jean-Perre B.”. Cet acteur talentueux a joué à la télévision dans “Les Vacances de l’Amour”, “Jour d’audience”, au cinéma dans “La Valse française” et “Forza Roma”, films russe pour l’un et italien pour l’autre. Féru d’Histoire, il a écrit pour le théâtre “Louis XIV, Philippe d’Orléans ou les adieux fraternels”, “La Vieille fille et le libertin, ou les amours de Lauzun et de la Grande Mademoiselle”. Sans oublier “Le Plaidoyer de Louise Bourgeois, accoucheuse de la Reine” Il a aussi écrit pour France Inter, “Merci pour le thé”. Il enseigne également  l’Art dramatique.

Le Masque de Fer

Informations Pratiques

Le Masque de Fer
Guichet Montparnasse
14 rue du Maine
75014 Paris
Réservation : 01 43 27 88 61
Jusqu’au 6 avril 2025
vendredis et samedis 20h30
Dimanches 16h30.
https://www.guichetmontparnasse.com

Photos Gaëlle Alban

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