Musée de l’Hospice Saint-Roch, à Issoudun : de Maria Papa au parc de sculptures 

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Musée de l’Hospice Saint-Roch, à Issoudun : de Maria Papa au parc de sculptures 

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Il se passe toujours quelque chose au musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun, dans l’Indre ! Entre les salles de l’ancien hôtel Dieu et celles de l’aile contemporaine, pas un jour sans qu’une inauguration, une conférence ou un concert n’y prenne place. En temps normal, bien sûr. Car comme tous les musées, celui d’Issoudun est actuellement fermé pour raisons sanitaires. Son nouveau parc de sculptures, en revanche, demeure accessible au public. Et son site internet offre de nombreuses et intéressantes informations (dont des vidéos).

Dès la réouverture des lieux, en principe le 15 décembre, il faudra y courir. Six expositions, petites ou grandes, y sont présentées en plus de la collection permanente. L’événement principal étant la rétrospective consacrée à Maria Papa Rostkowska, sculptrice de la Nouvelle Ecole de Paris.

Maria Papa Rostkowska, Sans titre (vers 1991), Guerrier florentin (vers 1986) et Guerrier grec (vers 1987)

Maria Papa Rostkowska, Sans titre (vers 1991), Guerrier florentin (vers 1986) et Guerrier grec (vers 1987)

Maria Papa, une artiste singulière

Sculptrice d’origine polonaise, Maria Papa Rostkowska est italienne de nationalité et française de cœur. Artiste européenne avant l’heure, elle sut tracer son propre chemin au sein de l’Ecole de Paris.  Débarquant dans la capitale française en 1950, la jeune femme se mariera avec l’écrivain, critique d’art et éditeur Gualtieri Papa di San Lazzaro qui lui ouvrira les portes de tous les cercles artistiques. Maria aura pour amis Serge Poliakoff, Lucio Fonatana, Miro, Chagall, César… Elle participera rapidement à tous les grands salons de l’époque. Grande résistante dans son pays, l’artiste montrera le même engagement en sculpture. Après une quinzaine d’années de terre cuite, elle se spécialise dans la taille directe. Une pratique très physique, plutôt rare pour une femme.

Issoudun - Oreille absolue (1967) et Torse de femme debout (1962). A l’arrière plan : Grand rythme de Jean-Michel Atlan (1959) et Deux mains, Hommage au Gréco d’Antoni Clavé (1964)

Oreille absolue (1967) et Torse de femme debout (1962). A l’arrière plan : Grand rythme de Jean-Michel Atlan (1959) et Deux mains, Hommage au Gréco d’Antoni Clavé (1964)

Issoudun - Pégase noir, Pégase blanc et Pégase rouge (vers 1990)

Pégase noir, Pégase blanc et Pégase rouge (vers 1990)

Un hymne à la beauté et au bonheur 

Cette rétrospective de quelque 70 œuvres est présentée de façon chronologique. Au fil des salles, on tombe sous le charme de ces marbres blancs, gris ou roses, si lisses qu’ils invitent la main à la caresse. La même douceur se retrouve dans les thématiques : la féminité, la vie, la beauté, le couple et l’amour… « Elle voulait faire un art du bonheur » témoigne son fils.  Parallèlement à ses œuvres sont montrées les peintures de quelques uns de ses amis. Et un film où elle s’exprime et où on la voit travailler. Instructif et émouvant.

Issoudun - La Pureté (vers 1989)

La Pureté (vers 1989)

La Maison de rêve (vers 1992) et Vent du désert (1991). Derrière : des toiles de Nathalie Gontcharova, Ipousteguy et Bona de Mandiargues

La Maison de rêve (vers 1992) et Vent du désert (1991). Derrière : des toiles de Nathalie Gontcharova, Ipousteguy et Bona de Mandiargues

Issoudun - sculptures sans titre

Sans titre (1976) et Sans titre (1975)

Le nouveau Parc de sculptures d’Issoudun

Né en février 2020, il fait figure de petit événement dans la région. Le musée d’Issoudun ayant racheté progressivement des parcelles de terrain proches de ses bâtiments, il dispose désormais d’un parc paysagé de 5000 m2. 27 œuvres de 18 artistes des XXe et XXIe siècles y sont présentées, au milieu d’arbres et de massifs de fleurs. André Masson, Max Ernst, César et Antoni Clavé en font partie. Mais aussi Mâkhi Xenakis, Vincent Mauger ou Brigitte Terziev. Un ensemble « maison » augmenté de dons, dépôts et prêts privés. Et qui est sous le signe de l’éclectisme.

Issoudun - La Vieillesse d’Anton Prinner, vers 195

La Vieillesse d’Anton Prinner, vers 1954

La Tatoue démolie de Jean Amado (1968) et Plaque Femme de César (1963)

La Tatoue démolie de Jean Amado (1968) et Plaque Femme de César (1963)

La Théorie des ensembles de Vincent Mauger (1976)

La Théorie des ensembles de Vincent Mauger (1976)

La dernière œuvre arrivée est le Ruisseau, commande passée au sculpteur Nicolas Darrot. Cette sculpture ludique et colorée est une fontaine mimant à sa façon la rivière voisine. Chacun peut en toucher les différents éléments et modifier ainsi le cours de l’eau. Le cours des choses… ? 

Issoudun - Fontaine de Nicolas Darrot (2019)

Fontaine de Nicolas Darrot (2019)

Issoudun : une collection permanente pleine de surprises

Un coup d’œil maintenant aux collections permanentes. Elles nous ont surpris par leur beauté, leur richesse et la qualité de leur accrochage. Dans les salles pleines d’atmosphère de l’ancien hôtel Dieu (XIIe siècle) on découvre tour à tour des collections archéologiques allant du paléolithique au gallo-romain en passant par des trésors celtes. Une belle collection de peintures et de sculptures anciennes (VIIIe-XVe siècle). Ou encore une magnifique apothicairerie (XVIIe-XVIIIe siècle). Des pièces maîtresses ? Incontestablement, le  clavecin de Jean Denis (1648), le plus vieux instrument du genre, signé et daté dans les collections françaises. Ou encore Les deux Arbres de Jessé, sculptures de la Renaissance qui ornent les murs de la chapelle.

Ange, élément de retable ancien et à droite, l’Arbre de Jessé ou arbre des prophètes (1494-1510)

Ange, élément de retable ancien et à droite, l’Arbre de Jessé ou arbre des prophètes (1494-1510)

Clavecin réalisé par le facteur Jean II Denis en 1648

Clavecin réalisé par le facteur Jean II Denis en 1648

Issoudun - L’apothicairerie, XVIIe-XVIIIe siècles

L’apothicairerie, XVIIe-XVIIIe siècles

On ne repartira pas sans admirer la donation de Cécile Reims et Fred Deux, la superbe collection d’objets de Papouasie Nouvelle-Guinée des Pères missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun. Et la reconstitution délicieusement rétro du salon de l’artiste Léonor Fini.

Masque, Groupe Elema, Golfe de Papouasie (fin XIXe siècle)

Masque, Groupe Elema, Golfe de Papouasie (fin XIXe siècle)

Oiseaux de Nouvelle Guinée mis en scène sur des bambous

Oiseaux de Nouvelle Guinée mis en scène sur des bambous

Les folles d’enfer de Mâkhi Xenakis : notre coup de cœur !

Initialement créée pour la Chapelle Saint Louis et les jardins de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, cette oeuvre sera, pour beaucoup, une découverte. A Issoudun, elle est exposée dans la salle des femmes de l’ancien hospice. Un  hommage poignant aux femmes enfermées dans l’hôpital parisien, de Louis XIV à l’arrivée de Charcot.

Les Folles d’enfer

Les Folles d’enfer

Pendant deux siècles (XVIIe-XIXe siècle), plus de 8000 femmes mises au ban de la société, ont été « cloîtrées » ensemble. Parfois avec leurs enfants. « Les mendiantes, les prostituées, les folles, les épileptiques, les adultérines, les orphelines. Les juives, les protestantes, les aveugles, les grosses, les crétines de toutes sortes… » (selon les mots de l’artiste). Plus de 260 sculptures les représentent. Elles ont été adoptées et baptisées d’un prénom par des  collectionneurs qui les ont acquises. Une démarche forte et étonnante.

Infos pratiques

Musée de l’Hospice Saint-Roch 

rue de l’Hospice Saint-Roch
36100 Issoudun.
Tél. : 02 54 21 01 76
Réouverture prévue le 15 décembre 2020

Pour en savoir plus sur cette exposition

Parc de sculptures : ouverture pendant le confinement, du mercredi au dimanche, de 14h à 17h30 (entrée gratuite)
Exposition Maria Papa Rostkowska : prolongée jusqu’au 30 avril
Exposition des Folles d’enfer de Mâkhi Xenakis : prolongée jusqu’au 30 décembre.

Copyright : Valérie Collet sauf les photos de une et du parc de sculptures (© MHSR, A. Ricci et J.Bernard) 

A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/la-mode-sous-un-nouveau-jour-exposition/

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